Absurde
Mes larmes ne s'arrêtent pas. Elles reviennent par vagues, sous forme de crises interminables, l'âme en lambeaux et le corps tordu par les sanglots. Les anti-dépresseurs, les calmants, les somnifères sont impuissants. La famille Ours envisage de m'hospitaliser et le regard douloureux et paniqué de Maman Ours me poursuit la nuit. Mes vêtements d'hiver, amples, me permettent encore de lui masquer un peu l'étendue du désastre. La vue de mon corps amaigri, sur lequel on voit paraître les côtes, me révulse et m'indiffère. Je n'arrive plus à me regarder et évite de me retrouver en face de mes yeux désespérés, hagards, qui n'arrivent pas à taire leur souffrance.
En vérité, il aurait mieux valu me porter le coup au coeur à arme réelle ; l'agonie aurait été moins longue.
Ca ne finit pas et ça n'a pas de sens.
Pourquoi rester vivant quand on est mort à l'intérieur ?