Traumatisme capillaire

Dans le miroir, je vois mes cheveux qui poussent, poussent, poussent. Je regarde : c'est devenue une grande tignasse informe. Je me fends d'un large sourire à mon reflet, lui tire la langue puis je passe la main dans ma chevelure frénétiquement pour encore plus l'ébouriffer, si cela était encore possible.
Ca ne ressemble à rien et j'adore.
Je sais pourtant qu'il va bien falloir que je me décide à retourner chez le coiffeur. Mais je fais tout pour retarder l'inéluctable. Ca me ramène en arrière, petit, où quand on me coupait les cheveux je m'effondrais en pleurs. Même les bonbons avaient peu d'effets pour calmer les flots. J'ai de toute façon toujours eu du mal avec les coiffeurs : être immobile pendant plusieurs minutes sur un fauteuil, être fixé du regard par un coiffeur dubitatif, se croyant à la pointe de la mode, captif, avec le fameux miroir de fin et la question rituelle : "ça vous plaît ?". Mfff. Et puis, le constat est clair : je suis en pleine période post-traumatique. Je ne veux plus redevenir le sosie capillaire de Desireless...
Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !
...
Et merde !
... Il va pourtant bien falloir que j'y retourne.